23/03/2010 22:15

Centre culturel communal Charlie Chaplin

Patricia Barber Quartet (USA)

« Je travaille le piano tous les jours, car je n’ai pas encore renoncé à rivaliser avec Keith Jarrett et Brad Mehldau ! ». Au fil des ans, la pianiste et chanteuse Patricia Barber semble peu à peu approcher du but. Au festival Jazz de Montréal, en juillet dernier, le journaliste Michel Contat constatait : «… Elle a commencé son récital par un long solo qui introduisait à un blues, indiquant d’entrée de jeu qu’on aurait affaire à la pianiste au moins autant qu’à la chanteuse ». Avec une voix troublante, sombre et relâchée, un souffle brisé, comme une longue caresse parfois virile, Barber susurre depuis 20 ans un jazz empreint de rock et de pop (« The beat goes on », « She’s a lady », « Light my fire »…), de bossa et de blues. Une voix d’aube avec laquelle elle pousse parfois, plus soul, un râle de plaisir lorsque la phrase d’un de ses musiciens la surprend et la ravit. En 2006, Patricia Barber fut la première musicienne à se voir récompensée par la Fondation Guggenheim pour son opus « Mythologies » consacré aux 11 mythes des Métamorphoses d’Ovide. Le dernier album de Patricia Barber rend cette fois un hommage au grand Cole Porter (« The Cole Porter mix » - Blue Note). Sur scène, mêlés à ce répertoire insubmersible, la native d’Illinois, fille du saxophoniste Floyd « Shim » Barber, attrape au piano un thème de Lennie Tristano ou explore les possibilités laissées après Bill Evans sur « Someday my prince will come ». Elle musarde en apesanteur entre ses références intuitives et de riches compositions personnelles, lançant des flux de vibrations complices aux filles et fascinant les gars. Elle est comme ça, Patricia.